Entretien avec Jean le Peltier
Publié le 06/12/21, écrit par Carla Borda
" Une vie démente "
Du 04 au 09 Octobre je fis partie du jury jeune de Saint Jean de Luz pour le Festival du Cinéma 2021 qui met en avant une sélection de premiers longs et courts métrages . Nous avons eu l'honneur de récompenser "Une vie démente" de Ann Sirot et Raphaël Balboni pour le meilleur long métrage. Jean le Peltier incarne Alex, dans le film sorti en salle le 10 Novembre 2021 en France. Auteur, metteur en scène et comédien , il est surtout passionné de théâtre et son jeu ne nous a pas laissés indifférent.
Echange avec Jean le Peltier
Quelles étaient vos activités préférées quand vous étiez adolescent ?
Parler avec des ami·e·s, pour raconter des trucs, faire des blagues, en marchant ou en buvant des coups. Et le théâtre aussi, qui ressemble un peu à ça.
Quelles études avez - vous faites ? Quel domaine vous - a le plus stimulé ?
Après le lycée, j’ai tenté un conservatoire de région et trois écoles nationales. Je n’ai été pris dans aucune. Je me suis inscrit à la fac, en arts du spectacle, qui ne forme pas du tout au métier de comédien, mais l’analyse de pièces de théâtre et de films m’a passionné. En parallèle, j’ai fait quelques cours du soir et des stages, mais je fabriquais surtout des petits spectacles avec des copains et des copines. Pendant ces années d’université, j’ai fait un an à Giessen en Allemagne, dans le département « science du théâtre appliqué », où il y avait des vraies pratiques qui associaient théâtre et performance.
C’est, esthétiquement, la formation qui m’a le plus marqué.
Au lycée de quoi rêviez - vous ?
( métier, projet... )
Au début du lycée, c’est assez flou. Je crois que je ne savais pas. A priori plutôt une activité littéraire, ou bien un endroit où on raconte des trucs. J’étais assez curieux du métier de conservateur de musée, même si je savais que mon tempérament n’irait pas, mais je voyais ces métiers si riches et intarissables d’histoires en tout genre. Je trouvais ça très appétissant. En première, le prof d’anglais donnait aussi un atelier de théâtre. J’y participais. Puisqu'il connaissait mon niveau laborieux dans son cours d’anglais en option principale et voyant mon enthousiasme dans son atelier de théâtre, il a soutenu clairement mon changement d’option de l’anglais au théâtre. À partir de la terminale avec l'option théâtre, j'ai su que c’était ça que je voulais faire.
Quelles personnalités vous inspiraient
- elles le plus ?
Des stars ? Aucune. Mais si je devais citer des acteurs ou actrices connues qui me plaisaient pas mal, au cinéma je pourrais citer Charlotte Rampling et Peter Falk..
Qui vous - a partagé cette passion pour le cinéma ?
Ce n'est pas une passion pour le cinéma. Ma mère travaille comme infirmière, et après son travail, fatigue faisant, sensibilité aussi, elle a développé une addiction pour la télévision. Son enthousiasme à vouloir regarder des films sans vraiment savoir s’arrêter, a clairement influencé ma première rencontre avec le cinéma .
Vous avez un goût prononcé pour le théâtre, expliquez moi pourquoi...
J’adore ça. C’est un art du présent. Avant d’entrer en scène, l’adrénaline est puissante, une fois sur scène, si ça se passe bien, c’est comme flotter sans accro au dessus du réel. Le théâtre c’est le réel en plus puissant.
Votre compagnie théâtrale "Ives & Pony", pourquoi l'avoir nommée ainsi ? Comment avez - vous réussi à la faire émerger ?
Ives et Pony sont les deux personnages de ma première pièce, VIEIL. C’est l’histoire d’un couple avec une grande différence d’âge inspirée de Harold et Maude, le film de Hal Ashby qui se charge de sauver un géant orgueilleux blessé à la clavicule. Pour la compagnie, c’est un long parcours de rencontres avec des théâtres qui décident de soutenir les spectacles.
Ces histoires que vous racontez sont des cheminements de l'esprit, comment soulevez - vous des questions
( philosophiques, sociétales ) dans vos pièces ?
Je commence par avoir des questionnements et des réflexions sur la société, et au lieu de les proposer directement, je les intègre sous la forme d’histoires dans mes pièces pour voir comment on y réagit.
Nous avons primé ( le jury jeune luzien ) "Une vie démente" qui nous a chamboulé et nous voulions savoir comment aviez - vous rencontré Ann Sirot et Raphael Balboni ?
Je crois qu’Ann est venue, via une amie qu’on avait en commun, voir une représentation de VIEIL.
Quelle était votre première impression sur ce duo ?
Ce ne serait pas un peu risqué de vivre en couple et de travailler autant ensemble ? Ah non, ils y arrivent super bien !
Comment s'est passé le tournage ?
Cela s’est super bien passé. C’était un peu plus d’un mois de tournage et c’était la première fois que je participais à une préparation de film aussi longue !
Qu'est ce qui vous - a le plus touché dans ce film ?
Le fait que l’histoire est tirée d’un fait réel et soit aussi bien partagée.
Cette complicité entre Alex
( votre rôle ) et sa mère Suzanne ( interprétée par Jo Deleuze ) ou encore Noemie ( Lucie Debay ) nous a paru si spontanée...
Aviez - vous fusionné avec elles dans la réalité ?
Pas du tout. C’est un travail d’Ann et Raphael de nous avoir fait répéter longtemps en amont pour donner cette impression de grande familiarité. En arrivant sur le tournage on était au point.
Le jeu impressionnant de Jo Deleuze ne vous a t-il pas déstabilisé ?
Au contraire, c’était véritablement agréable d’avoir une partenaire qui incarne autant son personnage, cela donne de forts appuis pour jouer, cela porte.